dimanche 11 mars 2018

ORBIGNY AU MONT







Le chemin prend fin ici pour ce mois de mars. Nous allons laisser passer l’été avant de reprendre la route qui nous fera traverser la Lorraine et remonter plus encore vers le nord. 

vendredi 9 mars 2018


JOUR 9: PERROGNEY-LES-FONTAINES - ORBIGNY-AU-MONT via LANGRES (33km) 





Langres, ville au passé glorieux



L’oppidum devenu cité féodale fortifiée, perchée sur une table calcaire avec un escarpement abrupt de plus 50 mètres, se targuait d’être imprenable. Cela s’est révélé exact car les remparts d’une longueur de trois kilomètres se dressent encore bien fièrement en 2018. Ce sont les plus beaux de France parait-il ? A l’époque féodale, Langres était une ville fort réputée. Elle est même devenue un « duché pairie » au XIIème siècle : l’évêque de Langres cumulait les titres et les charges de ducs et pair de la Couronne de France. La richesse patrimoniale de la ville intra-muros témoigne de son rayonnement religieux et artistique. 
Langres s’enorgueillit de l’enfant du pays: Denis Diderot et en tire  une fierté certaine. 



Malgré l’arrivée du train au milieu du 19ème siècle la reliant à la modernité, la ville ne put pas s’adapter. Ses heures de gloire étaient passées. Si le diocèse de la Haute-Marne s’appelle encore le diocèse de Langres, l’évêque a transféré ses services à Chaumont, la préfecture. Langres, ville puissante au temps féodal, place militaire vaillante face à l’ennemi prussien est restée amarrée au quai du passé. Une douce mélancolie m’envahit lors de mes pérégrinations dans les rues et ruelles aux noms souvent savoureux et aux bâtisses historiques. Les boutiques fermées, les maisons à vendre, le vent froid de mars plongent le visiteur dans l’embarras. 
Que faire pour inverser cette lente agonie ?



jeudi 8 mars 2018

JOUR 8: CHALMESSIN – PERROGNEY-LES-FONTAINES (32km)

 

Nous avons fait une halte la nuit dernière chez Marion et Alexandre. Un accueil très chaleureux, avec une bonne flambée qui nous attendait dans notre chambre. La discussion a porté sur le village

une rue à vendre...
Alexandre: « ici, nous sommes 25 habitants »
Chris:         «  25! mais il y a bien plus de 25   maisons! »
Alexandre: « oui mais regardez! toutes ces maisons autour de nous sont fermées »
Marion: «  Il y a plus de chats que d’habitants!»
Alexandre: «  non, plus maintenant... »
Marion: «  c’est vrai. J’oubliais...Le mois dernier, les chiens du village d’à côté ont fait une descente dans notre village et ont provoqué un massacre dans l’espèce féline... »
Alexandre: « les humains sont donc plus nombreux aujourd’hui »

Beaucoup de bâtiments sont à vendre ou abandonnés. La Haute-Marne souffre aussi de désertification. 

mercredi 7 mars 2018

JOUR 7: 2018- TARSUL – CHALMESSIN (Haute-Marne)… (31km)

L’Epoisse, ufromage sauvé par une famille bourguignonne
L’industrialisation et la généralisation des vaches frisonne après 1950, a failli avoir raison de ce fromage fort apprécié à la cour du roi Soleil. Le lait des « hollandaises » ne convenait pas à ce fromage à pâte molle et à forte teneur en matière grasse contrairement aux vaches traditionnelles les Tachetées de l’Est. Et comme l’industrie n’avait plus le temps de procéder à un lavage au Marc de Bourgogne, son compte était bon ! Il a fallu l’obstination d’une famille bourguignonne, la famille Berthaut, en 1956, pour relancer la fabrication de l’Epoisse. En 2018, ce sont cinquante-six agri-producteurs qui produisent 16,3 millions de litres dans le cadre d’une AOC. Seulement trois races de vaches sont autorisées : la Brune, la Montbéliarde et la Simmental Française… Entre temps la vache historique connue par le nom « Tachetée de l’Est » a changé de nom. Elle a été dénommée la « Pie Rouge de l’Est » en 1960. Jamais deux sans trois, n’est-ce pas ? En 1993, nouvelle appellation : elle devient la « Simmental Française » … La nomenclature internationale est passée par là…


Aujourd’hui, ce sont les giboulées qui m’accompagnent. Nous sommes bien au mois de mars.
Le paysage que je traverse est une campagne vallonnée, aux courbes douces. Jusqu’à mi-pente, les restants des cultures de colza, blé couvrent le sol. Sur les hauteurs , la masse sombre des feuillus dénudés et des sapins  couronne l’espace. Tantôt, je marche à la lisière des frondaisons,  longeant les clôtures, tantôt je traverse les bois sur des sentiers qui se hissent tranquillement vers les sommets. 


mardi 6 mars 2018

JOUR 6: ST-GERMAIN-SOURCE-SEINE - TARSUL… (30km)

Le canal de Bourgogne… même triste destinée que le canal de Bretagne !




L’histoire du canal de Bourgogne ne peut qu’attirer l’oreille d’un redonnais. Elle n’est pas sans rappeler l’histoire du canal de notre région, le canal de Nantes à Brest. Pourtant au XIXème siècle, les ingénieurs et travailleurs de ces canaux ont dû affronter d’innombrables défis techniques pour les réaliser. Les deux canaux devaient surmonter chacun la ligne des partages des eaux. En Bretagne, c’est la «Grande Tranchée de Glomel» qui a résolu ce défi. En Bourgogne, un tunnel long de 3,3 km appelé la «voûte du canal de Bourgogne». Combien de prisonniers de guerre, de bagnards ou de simples ouvriers se sont épuisés pour réaliser ces travaux titanesques? Si les canaux bretons avaient une visée d’abord stratégique pour contrer le blocus de Brest par les Britanniques, le canal de Bourgogne reliant la Seine au Rhône visait des objectifs économiques. Ces deux canaux à petit gabarit, une fois terminés et inaugurés en grandes pompes n’avaient plus d’utilité. La France n’était plus en guerre avec l’Angleterre et en Bourgogne, le train était plus rapide que les péniches. Ils n’ont heureusement pas connu la même tragédie que le canal de Berry. La navigation de plaisance les ont, heureusement, sauvés… 

Et toujours, les clochers et villages me dévoilent leur charme discret le long de mon chemin...

lundi 5 mars 2018

JOUR 5: SEMUR EN AUXOIS –ST-GERMAIN -SOURCE -SEINE via FLAVIGNY sur OZERAIN… (34km) 

La Bourgogne est une terre de produits bien ancrés dans le territoire. Sa terre s’offre aux forêts, aux vignes, à l’élevage et aux cultures. La Bourgogne excelle dans ses productions. Que ce soit pour le bois avec les profondes  forêts du Morvan, pour le vin réputé de ses vignobles, pour sa viande bovine de charolais ou pour ses céréales cultivées dans d’immenses champs.   
Les villages que je traverse, les pancartes que je lis, les références historiques sur les panneaux résonnent de produits bien connus:  Epoisse, ce fromage au goût bien marqué...Kir la maison natale de ce chanoine qui nous légua sa formule d’apéritif...
La région peut se flatter aussi d’alimenter trois des quatre grands fleuves de France . En effet, la Bourgogne regarde vers l’océan par la Loire, vers la Manche en suivant la Seine et a un pied en Méditerranée avec la Saône qui rejoint le Rhône. 





C’est aussi une terre d’histoire. Qui ne connait pas Alésia et la défaite de notre valeureux chef gaulois ? La richesse patrimoniale de villes et des villages atteste d’une histoire riche et féconde depuis les romains. Il n’est pas rare de découvrir une solide église romane, en traversant un village au toit rouge, parfois entouré de remparts. Le marcheur en Bourgogne ne prête presque plus attention aux châteaux, églises ou monastères à force d’en croiser sur son chemin. Parfois, une bâtisse contemporaine agricole  tranche l’harmonie des pierres. Un de ses écrivains bourguignons illustres, Henri Vincenot, l’a magnifiquement racontée. Terre celte,  la Bourgogne picore aussi bien un peu de l’air du Midi que des brumes rhénanes.




SOURCE GEOGRAPHIQUE,  ET... GOURMANDISE



La marche quotidienne terminée, nous pique-niquons à Saint-Germain-Source-Seine qui, comme son nom l’indique s’enorgueillit de posséder sur son territoire la source de la Seine. C’est étonnant de trouver, au milieu de nulle part, un parc citadin, appartenant à la ville de Paris,  avec bancs publics, petites allées gravillonnées et un bassin où trône majestueuse , une statue symbolisant la naissance de ce fleuve parisien.



Sûrement le plus petit pont sur la Seine






Sur le chemin du retour vers notre gite, nous faisons une halte à Flavigny. Nous parcourons ce village médiéval dans une odeur bien agréable d’anis et de citron. Dans les bâtiments d’une ancienne abbaye, nous découvrons une fabrique de bonbons dont la devanture avenante nous donne envie de pousser la porte. C’est une charmante jeune femme, Mathilde, qui nous accueille dans cette confiserie-musée-salon de thé et nous dégustons avec un bon chocolat chaud, quelques petites perles sucrées: les Anis de Flavigny. 

dimanche 4 mars 2018

JOUR 4: CUSSY LES FORGES- SEMUR EN AUXOIS 31km


Aujourd’hui, il ne pleut pas, le temps est redevenu clément et je peux lever les yeux un peu plus haut que le bout de mes souliers vers un ciel où s’estompe peu à peu la grisaille
 Ah le ciel! toujours changeant, toujours mouvant comme l’océan qui fouette notre région. On ne s’ennuie pas à regarder ce dôme au dessus de nous. 


Parfois bleu nuit, il porte la pluie et me fait hâter le pas, parfois cotonneux comme indécis, je marche alors tranquille. Traversé d’un rayon du soleil, il fait resplendir la plus banale construction, couronné d’arc en ciel, il m’émerveille. Je m’amuse à chercher parfois des formes dans ces nuages: des animaux fantastiques, des démons qui soufflent le vent, des sommets enneigés, et quand la faim me gagne, j’y devine des oeufs en neige ou de la chantilly!  




Quel compagnon de marche fidèle, cet azur! Et je sais que , quel que soit l’endroit où mes amis sont dispersés, c’est le même ciel qui nous couvre. Regarder cette étendue me rapproche de tous et abolit les espaces.  


samedi 3 mars 2018

JOUR 3: VEZELAY (Yonne) –AVALLON – CUSSY-LES-FORGES… (32km)



VEZELAY, petit village perché sur son piton rocheux tel le mont St Michel, la mer et la magie en moins quand même. L’immense basilique Ste Marie-Madeleine domine le village et lui donne sa réputation. Imposant narthex sombre, immense nef romane éclairée, époustouflant chœur gothique lumineux, silencieuse crypte accueillant la relique de Marie Madeleine, salle capitulaire recueillante … cet ensemble religieux mérite la montée que le pèlerin ou le simple touriste doit affronter pour la découvrir. Autour de l’ensemble religieux, quelques bâtisses ouvragées et de belles factures témoignent du passé florissant des pèlerinages d’antan. Par contre, le patrimoine bâti du village  laisse à désirer. Les boutiques chics de céramiques, de vêtements, de vins ou les galeries de peintures et de photos ne comblent pas une décrépitude progressive de ce village qui a connu des jours autrement plus heureux.


























AVALLON, ville qui surplombe les gorges encaissées de la rivière, le Cousin, a conservé de beaux vestiges de ses heures de bravoure militaire et de son rôle politique. Les remparts de Vauban se hissent encore bien fièrement. Quelques tours subsistent même. Dans la cité historique, hôtels et édifices restaurés avec goût indiquent aux visiteurs que la ville a su s’adapter aux usages contemporains. Les boutiques, les bars ou restaurants ne s’adressent pas seulement aux touristes mais surtout aux avalonnais. Cette ville semble bien vivante.    


vendredi 2 mars 2018

JOUR 2: CHAMPLEMY (hameau de Bourras-La-Grange (source de la Nièvre)- VEZELAY (Yonne)… (33km) 



Ce matin, le départ se fait sous la pluie… Elle ressemble un peu à la bruine bretonne: collante et diffuse… Je suis emmitouflé pour rester bien sec… Enfin, ce qui peut rester sec car les chaussures et le pantalon deviennent vite boueux dans ces chemins encore gelés. Aujourd'hui, les bâtons de marche me servent pour éviter de glisser, pour me rattraper quand mon pied vacille, pour m’équilibrer quand je veux éviter de trop grosses flaques d’eau et accessoirement, pour marcher en rythme quand la situation le permet… 



L’horizon sous la pluie est restreint. Mes yeux regardent bien devant pour éviter le plouf qui remplirait une chaussure d’eau. Ils scrutent les balises blanches et rouges du GR 654 que j’emprunte actuellement.




Mais au fait pourquoi, ces deux couleurs et pourquoi le blanc au-dessus du rouge? Sans doute Wikipédia me renseignerait immédiatement mais sur le chemin je ne consulte pas la toile… Si Manoé et Ewen, mes petits-fils me posaient la question, je leur raconterais sans doute cette histoire:

«On a choisi ces deux couleurs car le blanc c’est la couleur du ciel quand le soleil brille. On a donc placé le blanc en haut sur les balises. Quant au rouge, c’est un peu la couleur de la terre et du feu, le feu que les volcans vomissent parfois. Le rouge est donc placé en bas, près de la terre. Mais le rouge, c’est la couleur des joues des marcheurs quand le chemin est abrupt et que grimper donne bien chaud. Le rouge, c' est aussi la couleur de la colère, quand le randonneur se trompe de chemin et qu’il doit revenir sur ses pas. Alors que le blanc, c’est la couleur du bonheur, quand arrivés en haut de la colline, nous découvrons un superbe panorama. Le blanc, c’est aussi la joie de la marche quand les oiseaux chantent et que le soleil joue à cache-cache avec les nuages. Ces deux couleurs correspondent donc bien aux joies et aux chagrins du marcheur et n'ont pas été choisi par hasard» 

jeudi 1 mars 2018

JOUR 1: CHAMPLEMY (hameau de Bourras-La-Grange (source de la Nièvre)- FLEZ (hameau de Ménétou)… (15km)

Départ sibérien de Redon et début de printemps dans la Nièvre.


La vague de froid qui sévit sur l’Europe depuis cinq jours a voulu tirer sa révérence cette nuit en nous déposant sur le sol, une belle couche de neige. Tout est blanc. Tout est calme… Température négative de -3°C… Levés dès 5h 30 ce matin, nous ne sommes arrivés à Nantes qu’à 8h30. La prudence était de mise. Nous avons croisé trois poids lourds en bien fâcheuse posture après avoir terminé leur course dans le fossé. Que des dégâts matériels apparemment, mais impressionnant.    

Le jour naissant, la bise sibérienne calmée, les températures ont repris du positif. A dix heures, le thermomètre de bord de la voiture indiquait 5°C. Et c'est par des routes moins blanches mais plus sûres que nous sommes arrivés à Champlemy à 13h45.
















Et me voilà parti sans plus tarder, bâtons en mains, pour cette première étape. Il fait 10°C. Pas besoin de gant ni de bonnet. 

Pourtant la neige reste bien tapie à l’ombre des sous-bois et les mares sont encore bien gelées… La marche c’est comme le vélo. Cela ne s’oublie pas. Le rythme revient vite. Je vais traverser aujourd’hui et demain le nord du Morvan. La campagne bourguignonne est apaisante, vallonnée en douceur, agrémentée de grosses bosses comme de super taupinières, ce sont des buttes géologiques… Je marche dans un panorama ouvert sur 360°









mercredi 28 février 2018

4ème étape



Il fait froid sur toute la France mais nous avions prévu de repartir en ce début de printemps 2018.
Notre route va suivre le nord du Morvan et traverser la Côte d’Or.
Pourvu que la météo redevienne un peu plus clémente!