ORBIGNY AU MONT
Le chemin prend fin ici pour ce mois de mars. Nous allons laisser passer l’été avant de reprendre la route qui nous fera traverser la Lorraine et remonter plus encore vers le nord.
Malgré l’arrivée du train au milieu du 19ème
siècle la reliant à la modernité, la ville ne put pas s’adapter. Ses heures de gloire étaient passées. Si le
diocèse de la Haute-Marne s’appelle encore le diocèse de Langres,
l’évêque a transféré ses services à Chaumont, la préfecture.
Langres, ville puissante au temps féodal, place militaire vaillante
face à l’ennemi prussien est restée amarrée au quai du passé.
Une douce mélancolie m’envahit lors de mes pérégrinations dans
les rues et ruelles aux noms souvent savoureux et aux bâtisses
historiques. Les boutiques fermées, les maisons à vendre, le vent
froid de mars plongent le visiteur dans l’embarras. 
L’industrialisation et la généralisation des vaches
frisonne après 1950, a failli avoir raison de ce fromage fort
apprécié à la cour du roi Soleil. Le lait des « hollandaises »
ne convenait pas à ce fromage à pâte molle et à forte teneur en
matière grasse contrairement aux vaches traditionnelles les
Tachetées de l’Est. Et comme l’industrie n’avait plus le temps
de procéder à un lavage au Marc de Bourgogne, son compte était bon !
Il a fallu l’obstination d’une famille bourguignonne, la famille
Berthaut, en 1956, pour relancer la fabrication de l’Epoisse. En
2018, ce sont cinquante-six agri-producteurs qui produisent 16,3
millions de litres dans le cadre d’une AOC. Seulement trois races
de vaches sont autorisées : la Brune, la Montbéliarde et la
Simmental Française… Entre temps la vache historique connue par
le nom « Tachetée de l’Est » a changé de nom. Elle a
été dénommée la « Pie Rouge de l’Est » en 1960.
Jamais deux sans trois, n’est-ce pas ? En 1993, nouvelle
appellation : elle devient la « Simmental Française »
… La nomenclature internationale est passée par là…
Aujourd’hui, ce sont les giboulées qui m’accompagnent. Nous sommes bien au mois de mars.
C’est aussi une terre d’histoire. Qui ne connait pas Alésia et la défaite de notre valeureux chef gaulois ? La richesse patrimoniale de villes et des villages atteste d’une histoire riche et féconde depuis les romains. Il n’est pas rare de découvrir une solide église romane, en traversant un village au toit rouge, parfois entouré de remparts. Le marcheur en Bourgogne ne prête presque plus attention aux châteaux, églises ou monastères à force d’en croiser sur son chemin. Parfois, une bâtisse contemporaine agricole tranche l’harmonie des pierres. Un de ses écrivains bourguignons illustres, Henri Vincenot, l’a magnifiquement racontée. Terre celte, la Bourgogne picore aussi bien un peu de l’air du Midi que des brumes rhénanes.
![]() |
| Sûrement le plus petit pont sur la Seine |




Quel compagnon de marche fidèle, cet azur! Et je sais que , quel que soit l’endroit où mes amis sont dispersés, c’est le même ciel qui nous couvre. Regarder cette étendue me rapproche de tous et abolit les espaces. 
Ce matin, le départ se
fait sous la pluie… Elle ressemble un peu à la bruine bretonne:
collante et diffuse… Je suis emmitouflé pour rester bien sec…
Enfin, ce qui peut rester sec car les chaussures et le pantalon
deviennent vite boueux dans ces chemins encore gelés.
Aujourd'hui, les bâtons de marche me servent pour éviter de
glisser, pour me rattraper quand mon pied vacille, pour m’équilibrer
quand je veux éviter de trop grosses flaques d’eau et
accessoirement, pour marcher en rythme quand la situation le permet…


