lundi 13 février 2017

jour 3 : ALBI - MONESTIES (30km)


Je randonnerai quelques jours sur le GR36. Ce GR traverse la France depuis Ouistreham dans le Calvados et rejoint la frontière espagnole (Bourg-Madame dans le Pyrénées-Orientales). Je l’abandonnerai à Villefranche-de-Rouergue en Aveyron… Il est bien balisé. Comme tous les GR, il fait des tours et des détours. Parfois, je lui fausse compagnie quand je vois une autre voie qui peut éviter un kilomètre ou deux. Il est varié. J’ai traversé quelques villages et j’ai gravi quelques crêtes. J’ai également traversé le bassin minier appelé Albi-Carmaux, territoire qui a vu toute une industrie s’effondrer à la fin du 20ème siècle.










Un chemin sur les pas d’une histoire minière…
Le bassin minier d’Albi-Carmaux s’étend sur les communes de Carmaux, Blaye-les-Mines, Cagnac-les-Mines, Le Garric… Cheminer dans ce territoire, c’est ressentir les luttes ouvrières du début du siècle. Les grèves des mineurs de Cagnac entre 1900 et 1914 ont été longues et difficiles, surtout celles de 1902 (une grève de 3 mois au printemps puis une seconde de 2 mois en automne) et celle de 1908 (4 mois). L’arrivée d’escadrons de gendarmerie a souvent été la réponse apportée par la Société des Mines d’Albi malgré l’intervention et le soutien de Jean Jaurès, alors député de Carmaux.
Les mines seront nationalisées en 1948 et fermeront en 1987. Un gros projet de mines à ciel ouvert est alors lancé . De gigantesques travaux sont engagés pour réaliser deux fosses à Carmaux. Les 140 millions de mètres cubes de déblais pour atteindre la couche de charbon sont transportés sur la commune de  Cagnac-les-Mines. L’équivalent de 53 pyramides de Khéops!  La fosse principale occupe une superficie de près de 600ha et aura une profondeur de 230m… D’impressionnantes routes d’accès et de transport sont réalisées autour des fosses et des terrils.

 la mairie désaffectée,
qui devait être détruite







Un projet d’une troisième fosse était prévu sur la commune de Blaye-les-Mines : le bourg devait alors être rasé pour laisser place à la fosse.





Il faut croire que le résultat économique n’était pas au rendez-vous puisque tout s’est arrêté en 1997… Ces titanesques travaux rejoignent la longue liste des grands travaux inutiles sauf si on considère comme une chance la transformation des 1000 hectares entièrement chamboulés en un immense parc de loisirs avec saut à ski, pistes de luge, circuit VTT. Le regard éteint des excavateurs, bulldozers, gros engins de mines et autre Liebherr qui sont restés sur place,  laisse une impression de gâchis…
Le GR 36 conduit le randonneur sur ces lieux où l’on sent encore une forte culture minière : les terrils qu’on escalade ... le chevalement de mine à l’arrêt, dans l’attente d’un éventuel redémarrage ... les corons de la "cité des homps" .




 En moins de 25ans, toute une région a vu sa culture industrielle s’effondrer puis disparaitre… D’autres catastrophes industrielles ont suivies, fonderies, verreries… D’immenses bâtisses industrielles gisent çà et là.
La population doit passer d’une culture ouvrière à une culture de loisirs et de services… Que de drames collectifs, familiaux et personnels a provoqué ce basculement…



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